• Chronique ParisChampions PSG – Un Brésil brisé

    Par le 9 juillet 2014
    fifa coupe du monde brésil 2014

    Anéantis !

    C’est le mot qui demeurera après le match, ou plutôt le non match des Brésiliens hier soir, contre l’Allemagne. L’image de ces milliers de supporters en larmes devant l’humiliation qu’est en train de subir leur équipe, priant, suppliant, implorant le ciel pour que cela s’arrête. Bien plus qu’une défaite, c’est une véritable torture que les Allemands infligent à tous ces yeux Auriverde. Alors à qui la faute demanderons-nous ? Qui sera jugé coupable de cette débâcle ? Et que se passera-t-il après ? Le Brésil sera-t-il capable de se relever ? Voici l’histoire d’un rêve que la réalité a rattrapé. J’ai nommé : Brésil – Allemagne.

    A qui la faute ?

    Beaucoup pointeront du doigt le sélectionneur, Luiz Felipe Scolari. Une évidence me direz-vous, car même lui s’auto-proclame bouc émissaire de ce désastre. La main sur le torse, il déclare à tout son peuple que le responsable, c’est lui. Pourquoi ? Peut-être pour avoir retenu Fred, l’attaquant de Fluminense désormais âgé de 30 ans, et très loin du niveau requis pour ce Mondial. Certains voient même en lui le pire attaquant de toute l’histoire du Brésil. Peut-être est-ce l’amertume et la déception qui font dire ça. Mais ce n’est pas le seul choix controversé de Felipão. Alors que le peuple brésilien réclamait le parisien Lucas Moura ou le petit prodige de Liverpool Coutinho, le sélectionneur préfère s’appuyer sur le jeune Bernard, a peine sorti de sa deuxième saison au plus haut niveau. Et encore. Evoluant au Chakthar Donetsk, son rythme n’est pas le même que ses camarades, son intensité est différente. Etait-il vraiment judicieux de se reposer sur ses jeunes épaules d’à peine 21 ans à un tel niveau ? Tout ceci se discute.

    Neymar, l’arbre qui cache la forêt.

    Ou plutôt le petit épi de blé qui cache l’énorme champ derrière lui. Fin, fragile, on l’a malheureusement brisé, en quart de finale contre la Colombie. Privé de son génie, le Brésil doit faire sans lui contre la Mannschaft de Joachim Löw. Car Neymar, c’est l’histoire de l’homme qui portait le Brésil à lui tout seul. Etincelant, éclatant, il a fait briller le jeu brésilien à chaque ballon qu’il touchait. Mais pour un temps seulement. Et une fois la pépite mise de côté, difficile de savoir quoi faire. Mais pire encore que la blessure de Neymar, la Seleçao doit faire sans son capitaine, Thiago Silva, suspendu après une action stupide sur le gardien Colombien, Ospina. Il assistera à la débâcle de son équipe depuis les tribunes, impuissant, et sûrement rempli de regrets.

    L’Allemagne aussi, rêve de cette coupe.

    Une question se pose après cette rencontre. Peut-on reprocher à l’Allemagne d’avoir osé mettre à terre un Brésil perdu ? D’avoir osé humilier la Seleçao, chez elle, devant son propre public ? Clairement, non. Beaucoup le savaient déjà, que cette Allemagne la serait sans pitié. Revenons à leur tout premier match, contre le Portugal. Les coéquipiers de Ronaldo sont véritablement hors du coup. Ils perdent Pepe sur un carton rouge, puis deux joueurs sur blessures, et leur meilleur atout joue sur une jambe après s’être traîné une blessure au genou depuis des mois, qui n’a jamais eu le temps de guérir. Mais qui blâmerait l’Allemagne de jouer ? Personne ne peut leur reprocher cela. Ils n’hésitent pas, et mettent toutes leurs forces dans leurs batailles. Comment peut-on reprocher à des joueurs de jouer tout simplement le jeu ? Les Allemands aussi, rêvent de cette Coupe du Monde. Pourquoi n’y auraient-ils pas droit ? Quand le Portugal a Ronaldo, l’Argentine, Messi, et le Brésil Neymar, et bien l’Allemagne elle, a une équipe. C’est tout simplement ce qui fait la différence à un tel niveau.

    Et pourtant…

    ..Cette Allemagne n’est pas invincible. Le Ghana l’a montré. L’Algérie de Vahid Halilhodzic en a fait de même. Et la France a bien failli également. Contre ces trois équipes c’est une Mannschaft différente que l’on a observée. Une Mannschaft prenable, capable d’erreurs. Alors que penser de cette équipe ? Tout simplement qu’elle est unie. Une attaque redoutable, un milieu de terrain solide, une défense toujours bien placée et un gardien qui est l’équivalent d’un véritable mur. Tout ça, canalisé par leur formidable capitaine, Philipp Lahm. Et sans jeu de mot, il pourrait bien être véritablement l’âme de cette équipe.

    Une défaite, bien au-delà du sportif

    Car c’est bien plus qu’une défaite historique qui s’est produite hier, à Belo Horizonte. Bien au-delà du sport, c’est un drame, une tragédie pour le Brésil entier. Pour sa présidente, critiquée après avoir dépensé tant de milliards dans la préparation de cette Coupe du Monde. Pour son peuple, véritable pays de football, où la bas un simple ballon rond émerveille chaque enfant à chaque coin de rue. David Luiz leur demandera pardon, les larmes dégoulinant sur son visage. Le chagrin est gros, la tristesse, immense, la honte, présente. Et pour en rajouter encore une couche, Klose a battu le record de buts en Coupe du Monde du brésilien Ronaldo, devant ses yeux, contre son Brésil, au Brésil. C’était presque anecdotique, tellement la confrontation avait atteint une tout autre dimension.

    Alors que retenir de ce match ? Que s’est-il réellement passé ? Une erreur, à la 11e minute, et une deuxième, 12 minutes plus tard. Après cela, assommé, le Brésil n’a pas pu se relever. Ils n’ont même pas eu le temps de respirer tellement les buts ont afflués, et se sont enchaînés les uns après les autres. Peut-être le Brésil a-t-il été puni. Puni de son mauvais jeu depuis le début du Mondial. Puni de s’être reposé sur leur enfant prodige d’à peine 22 ans. Puni d’y avoir peut-être un peu trop cru. Rêveurs, mais rattrapés, par une réalité, par un réalisme Allemand hors du commun et contre lequel, personne ne peut rien faire.

    Ce Brésil a l’image d’un homme à terre, KO. Un homme n’étant même plus conscient, mais qui est face à un adversaire sans pitié, le battant jusqu’à la mort. Car c’est bel et bien ce qui s’est produit hier soir : le Brésil est mort.

    Laura Guémon

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